AKHEMATON ET *V
Amenhotep IV, dont la cogérance avec Amenhotep III est discutée,
règne seul à partir de 1378/1352 et se fait couronner à Karnak, signe qu'au départ,
il n'était pas en lutte ouverte avec le clergé d'Amon-Rê.
Il entreprend d'ailleurs un programme de construction traditionnel.
Il épouse sa cousine Nefertiti, fille de Ay et de Tiy II, donc petite fille de Youya et Touya.
Amenhotep IV et Nefertiti forment un couple encore plus étroitement
lié politiquement que celui d'Amenhotep III et Tiy. Comme eux, ils sont associés
dans les cérémonies, mais, chose nouvelle, l'art officiel les représente
dès le début dans des scènes familiales jugées jusque là trop intimes pour être montrées.
C'est en l'an 2 de son règne qu'Amenhotep IV donne à Aton la place qu'occupait Amon-Rê.
En l'an 5 de son règne, il procède à la fondation de la nouvelle capitale qu'il appelle Akhetaton,
" l'Horizon du Disque " et marque le site de quatorze stèles frontières.
prédécesseurs. Ainsi, il se fait représenter en train de massacrer des ennemis vaincus.
Il ne touche pas aux structures de l'administration. Sur le plan politique, sa " révolution " renforce l'absolutisme théocratique :
le roi est l'intermédiaire obligé entre les hommes et le Disque. La réforme
a des effets dans deux domaines surtout : et l 'economie et l 'art
Akhenaton ferme certains temples ou limite leurs activités et rattache les biens cléricaux à la Couronne.
La construction de la nouvelle capitale et des nouveaux temples se fait au détriment de l'économie
en général et de l'économie divine en particulier. Les conséquences de l'atonisme
sur les arts et les lettres sont plus spectaculaires et plus durables.
Une plus grande liberté se manifeste dans les œuvres contemporaines, surtout dans les compostions poétiques
: hymnes et litanies divins et royaux. La langue parlée est introduite dans les textes officiels et dans les grandes œuvres.
Dès le règne d'Amenemhat III, l'idéalisme officiel cède le pas à un réalisme plus sensuel qui n'hésite
pas à souligner les formes du corps par des techniques comme celle du " drapé mouillé ".
Ce traitement plus généreux des volumes apparaît aussi dans le dessin où l'usage
de la ligne est moins rigoureux, l'emploi des couleurs plus souple.
La mode évolue également : nouveaux costumes, nouvelles coiffures… Des détails stylistiques
sont caractéristiques de la période : l'inclinaison de l'œil dans l'orbite et l'étirement des lignes
qui produira les fameux yeux " en amandes " d'Akhenaton, les plis dans le cou, les oreilles percées, etc.
Akhenaton radicalise la tendance pour lui-même et sa famille dès la deuxième année
de son règne en poussant le réalisme jusqu'à la caricature : l'affaissement des chairs
prend une apparence pathologique.
Au fil des ans, le trait s'adoucit et, à la fin du règne, les études d'après nature l'emportent, comme
la célèbre tête de Nefertiti de Berlin.
De nouveaux thèmes apparaissent : l'image de la famille, omniprésente dans toutes les scènes
, y compris et surtout celles du culte. La famille royale
La construction et la première occupation de la ville se font entre l'an 5 et l'an 6 du règne d'Akhenaton.
En l'an 12, la reine Tiy s'installe à la cour d'Armana. Cette installation a été interprétée comme
la preuve qu'Akhenaton n'a régné seul qu'à partir de cette date.
Cette même année, l'une des six filles du couple royal, Mékétaton, meurt.
Nefertiti semble jouer un rôle moins important après l'an 12. Elle se serait même séparée de son mari
si l'on en juge que l'une de ses filles, Méritaton, la remplace dans les cérémonies auprès du roi.
Les trois années de la fin du règne sont troubles : le pays est livré aux persécutions
anti-amoniennes qui se traduisent par le martelage des noms du dieu, martelage
que subiront à leur tour Akhenaton et son dieu quelques années plus tard.
Peut-être y a-t-il eu une corégence avec Néfernéférouaton? Smenkhkarê a d'ailleurs
été attesté comme roi, son règne devant se situer entre ceux d'Akhenaton
et de Toutankhaton pour une durée possible de deux ans.
Le corps de Smenkhkarê a été retrouvé dans une t
ombe qui lui a été consacrée dans la Vallée des Rois. Tout indique
qu'il s'agit d'un réensevelissement hâtif. Dans cette tombe, on a
retrouvé d'autres restes qui sont peut-être ceux de la reine Tiy.
On pense généralement que toute la famille royale a ainsi été transférée sous le règne de Toutankhamon.
L'Horizon d'Aton
Il est probable que Smenkhkarê puis Toutankhaton étaient des cousins ou des neveux d'Akhenaton
qui légitimèrent leur montée sur le trône en épous
ant chacun l'une des filles du roi.
Lorsqu'il succède à Smenkhkarê, Tonkhaton est âgé d'environ neuf ans.
Il épouse la princesse Ankhesenpaaton. Très rapideme
nt, il quitte Amarna pour Memphis.
ville
d'Akhetaton est abandonnée après seulement une trentaine d'années d'existence.
La revanche d'Amon
Le retour à l'orthodoxie amonienne se fait sous Toutankhaton,
probablement sous l'influence du divin père Ay.
Le jeune roi commence par changer son nom en Toutankhamon
. Il meurt à environ dix-neuf ans sans avoir eu d'enfant de son épouse Ankhesenamon :
avec lui s'éteint la lignée d'Ahmosis. Sa veuve supplie le roi hittite
Suppiluliuma de lui envoyer un de ses fils pour l'épouser et en faire le pharaon d'Egypte.
Le prince n'arrivera jamais et l'union entre les empires hittites et égyptiens ne se fera pas.
Ankhesenamon épouse peut-être le vizir de son défunt mari, Ay qui, lui-même, ne régnera que durant quatre ans.
La réelle coupure dynastique a lieu lorsque le commandant en chef de l'armée, Horemheb
, prend le pouvoir et se présente comme
restaurateur de l'ordre établi.
Il fut un grand constructeur, surtout à Karnak. Après vingt-sept ans de règne,
il sera enterré à Thèbes, dans la Vallée des Rois. N'ayant pas d'héritier mâle,
Horemheb transmet le pouvoir à un autre militaire, un général originaire du Delta qui va fonder une nouvelle dynastie